Les micronutriments en médecine: 17e congrès médical de la Burgerstein Foundation
La professeure Rima Obeid, de Sarrebruck (DE), a montré à quel point l’interaction des vitamines B2, B6, B12 et de l’acide folique est essentielle pour le métabolisme de l’homocystéine chez l’être humain. Les analyses ne permettant pas de déterminer facilement de manière fiable les taux de vitamines B12 et B6, par exemple, la mesure routinière de l’homocystéine constitue une alternative valable. La professeure Obeid a montré qu’une supplémentation modérément dosée en vitamines B permettait de réduire efficacement des taux élevés d’homocystéine (l’homocystéine est un facteur de risque de diverses maladies liées à l’âge). L’effet préventif d’une telle supplémentation sur la cognition peut particulièrement être escompté lorsque la démence n’est pas encore présente et que cette supplémentation est mise en place sur une période prolongée (au moins 18 mois).
Le Dr Adam Wahida, de Munich (DE), a présenté aux participant·e·s la ferroptose, une forme de mort cellulaire décrite seulement depuis 2012 (à ne pas confondre avec l’apoptose) et a expliqué par quels mécanismes connus à ce jour les cellules s’y opposent. La particularité de la ferroptose est qu’elle n’est pas induite par une cascade, par exemple suite à des dommages ou un stress, mais qu’il s’agit d’un processus cellulaire établi qui doit être évité en permanence. Les systèmes enzymatiques tels que la glutathion peroxydase 4 (GPX4) séléno-dépendante et la FSP1 doivent garantir l’élimination des dommages dus à l’oxydation des phospholipides des membranes cellulaires avant que les membranes ne deviennent instables et que les cellules n’éclatent. En raison de l’accumulation des dommages dus à l’oxydation dans les cellules cancéreuses, par exemple, les inhibiteurs potentiels des systèmes enzymatiques ci-dessus pourraient ouvrir de nouvelles options thérapeutiques à l’avenir. En ce qui concerne les micronutriments, il est intéressant de noter le rôle central des taux de glutathion et l’interaction des systèmes enzymatiques avec la coenzyme Q10 et la vitamine K.
À partir du cas d’un athlète suisse de haut niveau, le Dr André Leumann, de Bâle, a évoqué à quel point la guérison après une lésion complexe au genou suivie d’une intervention orthopédique peut être longue et la manière dont une supplémentation ciblée peut soutenir les différentes phases de la réadaptation. Il a montré de manière impressionnante tous les processus de guérison qui se déroulent simultanément dans une articulation et que les cartilages, les ligaments et les tendons, par exemple, mettent beaucoup plus de temps que l’os ou la peau pour retrouver leur pleine capacité de charge. La période précédant l’intervention orthopédique (la phase préhab) peut être utilisée pour réduire de manière ciblée le risque d’infection postopératoire ou pour réduire la poussée oxydative grâce aux micronutriments. D’autres conseils sur la supplémentation possible aux différentes phases de la guérison (p. ex. utilisation de collagène) ont complété l’exposé.
Après le repas, le Dr Hagendorfer de Wallisellen a présenté un exposé intéressant sur l’analyse de la fatigue postprandiale en laboratoire. Il a été en mesure de montrer à l’auditoire à quel point le bon choix du matériel d’analyse (p. ex. sérum/plasma, urine, sang total, cheveux) est essentiel pour l’analyse des micronutriments en laboratoire. Par exemple, l’analyse des cheveux est plus appropriée pour les études d’exposition à long terme (qui s’étendent sur plusieurs mois), surtout pour les métaux lourds. La fiabilité des dosages sériques, par exemple pour le zinc ou la ferritine, est compliquée par leur vulnérabilité aux perturbations dues à des situations métaboliques pro-inflammatoires. Les participant·e·s ont certainement trouvé utile pour l’avenir d’apprendre que, pour le sélénium et le cuivre, la mesure intra-érythrocytaire renseigne mieux sur l’état d’approvisionnement alors que, pour le zinc, les valeurs sériques permettent toujours d’obtenir des résultats plus précis malgré la sensibilité aux perturbations dues à l’inflammation.
Dans son exposé détaillé sur la thyroïde, le Dr Siegfried Kober, d’Ampass (AT), a présenté les différents circuits hormonaux ainsi que les diagnostics les plus courants en cas d’hypo- et d’hyperthyroïdie. Il a parlé plus spécifiquement du rôle de l’iode et du sélénium. Outre la supplémentation en sélénium et autres antioxydants en cas de thyroïdite d’Hashimoto et de maladie de Basedow, l’apport en vitamine D est également important chez ces patients. Il a rappelé que, dans la thyroïdite d’Hashimoto, jusqu’à 25% des malades développent une anémie pernicieuse (par carence en vitamine B12) avec le temps.
Le Prof. Dr Michael Zimmermann, de Zurich, a présenté les études menées par son groupe de recherche sur la prise optimisée de fer. La vitamine C augmente la biodisponibilité, ce qui ne nécessite que des doses modérées et semble jouer un rôle particulièrement important à des doses modérées de fer. Il a également rappelé que certains composants des repas (par exemple les phytates et les polyphénols, principalement issus d’aliments d’origine végétale) peuvent réduire considérablement l’absorption du fer. Le professeur Zimmermann a également parlé du rôle central de l’hepcidine, une protéine produite par le foie qui joue un rôle essentiel dans le métabolisme du fer. L’augmentation des taux d’hepcidine entraîne, entre autres, la non-absorption par l’organisme du fer déjà absorbé par les cellules intestinales. Pour la pratique clinique, il est intéressant de retenir que la production d’hepcidine est déjà fortement augmentée pendant plus de 24 heures par une dose de fer > 60 mg, au point de réduire considérablement la biodisponibilité du fer le lendemain. Par conséquent, une supplémentation en fer par voie orale à des doses > 60 mg doit idéalement être administrée un jour sur deux chez les patient·e·s présentant une carence en fer non anémique, le matin, à jeun, si la tolérance le permet. En cas de supplémentation quotidienne, des doses de fer plus réduites doivent être utilisées afin d’éviter l’effet inhibiteur de l’hepcidine. De telles doses ont également l’avantage de réduire considérablement les effets indésirables gastro-intestinaux tant redoutés avec les suppléments de fer. Le professeur Zimmermann ne recommande pas de fractionner la dose quotidienne en une prise le matin et une prise le soir, car les taux d’hépcidine sont circadiens et les taux de l’après-midi sont naturellement plus élevés que ceux du matin.
Grâce à l’aimable soutien des trois entreprises Burgerstein Vitamine, Streuli Pharma AG et Ortho-Analytic AG et grâce à la collaboration du Dr Paolo Colombani, qui a animé avec brio les discussions tout au long de la journée, nous avons pu proposer une nouvelle fois une journée de formation professionnelle variée, pertinente pour la pratique et accréditée par la SSMIG, ainsi qu’un lieu d’échange passionnant sur le thème des micronutriments et autres.